Josep Solà, du CSEM, remporte le Prix Neode 2017
par Matthieu Hoffstetter
Ils étaient quatre finalistes et c'est finalement Josep Solà qui remporte le Prix Neode, remis jeudi soir à Neuchâtel. Avec son projet «Optical Blood Pressure Monitor», le chercheur du CSEM ambitionne de révolutionner la mesure de la pression artérielle.
«On estime aujourd'hui qu'il y a sept millions de décès chaque année liés à l'hypertension artérielle. Or, en 2017, on utilise encore un dispositif qui a plus d'un siècle», constate Josep Solà. Pour le chercheur au Centre suisse d'électronique et de microtechnique (CSEM), les brassards pneumatiques ne sont plus, au XXIe siècle, des instruments suffisamment judicieux pour mesurer la tension artérielle des patients. Lui a imaginé des capteurs optiques intégrés dans les wearables et appuyés sur des algorithmes issus de l'intelligence artificielle pour remplacer la mesure traditionnelle de la tension. Ce qui lui a valu le Prix Neode 2017, remis jeudi soir à Neuchâtel.
«Les instruments de mesure fonctionnement en clinique, mais on ne mesure qu'une fois par an, lors de la visite chez son médecin. Ce dont on a besoin, c'est d'une mesure sur le long-terme et en continu», estime Josep Solà. En plus d'un bracelet connecté avec des capteurs optiques, il veut proposer un suivi des données processé par l'intelligence artificielle et des algorithmes qui vont s'appuyer sur chaque cas individuel de patient pour aider l'ensemble des personnes touchées par l'hypertension artérielle.
Renforcer les passerelles entre recherche et industrie
«Cette année plus que jamais, le Prix Neode veut renforcer les passerelles entre l'univers de la recherche et le monde de l'entreprise. Il est crucial que ces deux sphères collaborent davantage», analyse Sandy Wetzel, directeur de l'incubateur Neode. Pour l'aspect académique, Neode a pu compter dès sa première édition du prix en 2009 sur l'expertise du professeur Afksendios Kalangos, expert mondialement reconnu de la chirurgie cardio-vasculaire. Entouré d'une dizaine d'experts, scientifiques, personnalités issues de l'univers de l'innovation et de l'industrie, il continue de se pencher scrupuleusement sur chaque projet.
Président du jury, Afksendiyos Kalangos (président du Global Hearth Network et président de la chirurgie cardiaque pédiatrique à Athènes) apporte sa longue expérience et sa crédibilité scientifique au prix. Plusieurs de ses idées ont notamment été réalisées sous forme de produits commercialisés. Il a associé à ce concours une dizaine de médecins de renommée mondiale afin de composer le jury et de rehausser son aura dans le monde scientifique et académique.
Cette année, douze projets ont concouru. Quatre finalistes ont été retenus, avec des projets passionnants touchant aux injections par seringues, au traitement des pathologies oculaires ou encore au drainage des vaisseaux lymphatiques. Quatre projets très aboutis sur le plan scientifique. «Mais aussi des projets portés par des personnalités conscientes des enjeux industriels et du besoin de transformer l'essai en passant des laboratoires à la production et à la distribution», insiste Sandy Wetzel.
Un discours auquel adhère sans réserve Jean-Roger Cattin, directeur des opérations Spine et responsable du campus Johnson & Johnson Neuchâtel. Pour lui, «les savoirs, les talents, les capacités à innover sont là. Mais il faut mieux connecter les univers de la recherche, de l'industrie et surtout mieux faire connaître l'excellence des produits innovants. Les Anglo-saxons savent très bien vendre ce qu'ils produisent, même quand des concurrents font parfois mieux qu'eux. En Suisse, on a encore du mal à se vendre, à exposer et faire connaître nos technologies et nos produits innovants».
L'exemple de Coat-X
En remportant ce prix, Josep Solà empoche non seulement la somme de 50'000 francs destinée à soutenir le développement de son projet. Mais il a également pu apprendre à défendre son projet, bénéficié d'un accompagnement spécifique et des retours des membres du jury ou d'autres experts, tisser des relations et créer un réseau pour grandir très vite. Des opportunités qu'a su saisir Andreas Hogg, CEO de Coat-X.
Lors de l'édition 2015 du Prix Neode, ce projet avait remporté les suffrages du jury. En deux ans, Coat-X est passé de 0,2 à 9 emplois. Et de nombreux débouchés ont été explorés, avec des succès sur les marchés et auprès de partenaires investisseurs et clients pour devenir une référence mondiale dans le domaine, tout ceci appuyé sur une technologie unique de multicouche ultrafine, hermétique et biocompatible. Une fine couche qui permet notamment de réduire sensiblement l'encombrement de dispositifs médicaux implantés dans l'organisme.
https://www.bilan.ch/entreprises1/josep_sola_du_csem_remporte_le_prix_neode_2017